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19e dimanche après Pentecôte, 2016

2 Cor  11,31 - 12,9; Lc 6,31-36

 « Devenez miséricordieux comme votre Père aussi est miséricordieux ».

Cette parole de Jésus conclut l’évangile que nous avons entendu proclamer ce matin. Elle conclut un enseignement du Seigneur Jésus qui va crescendo, et qui donne le vertige si nous voulons bien l’écouter et le vivre.

Jésus propose d’abord la règle d’or qui doit ou devrait prévaloir dans les rapports entre hommes : » Comme vous voulez qui les hommes agissent envers vous, agissez de même envers eux ». La parabole du Bon Samaritain en est la parfaite illustration. Si nous étions victime d’une agression, d’un attentat ou que sais-je encore, nous serions infiniment reconnaissants, après avoir vu passer deux compatriotes, à l’étranger qui nous prendrait en pitié. Alors nous demande le Seigneur Jésus : es-tu prêt à devenir le bon Samaritain de ton prochain, le premier venu, en détresse ?

Jésus poursuit : »Est-ce qui vous faites du bien aux autres pour recevoir en retour ? Est-ce qui votre « charité » est intéressée ? Ne faites pas seulement du bien à votre prochain pour recevoir en retour. La charité n’es pas un commerce. Prenez l’initiative de faire du bien à autrui, sans escompter qu’il vous sera rendu.

Et au troisième lieu le Seigneur Jésus va encore plus loin : « Aimer vos ennemies, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour » . S’il est déjà difficile au cœur humaine de vivre la gratuité avec ses pairs et ses amis, comment  plus difficile est-il d’aimer ses ennemies !

Est-ce vraiment réaliste de nous demander d’aimer nos ennemies ? N’est-ce pas nous exposer à subir les plus grandes injustices ? Et exposer ceux que nous aimons aux plus graves périls ? Il est clair que le Seigneur Jésus ne se situe pas au niveau de la politique mondiale. Il parle de nos ennemies dans la vie quotidienne : ceux qui médisent de nous, ceux qui nous calomnient, ceux qui nous en veulent à mort… Jésus nous dit : « brisez le cycle de la violence, en bénissant mettez fin à cette spirale infernale. La croix de Jésus a brisé cette spirale infernale. Lui le juste innocent, mis à mort par les siens et par nous, a pardonné : «  Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Il existe un mystère du mal en ce monde. Ce mystère du mal est cause d’un abîme de souffrance. Il restera ce mystère du mal jusqu’au dernier jugement. Quelle réponse pouvons-nous donner ? Celle de la croix de Jésus qui prie pour les meurtriers. Celle de Simon de Cyrène, qui porte avec Jésus la croix jusqu’au Golgotha. Faire donc des petits gestes : prier pour nos ennemies et porter la croix avec Jésus, l’inconnu rencontré sur la route.

Enfin Jésus nous conduit avec lui au sommet : « Devenez miséricordieux comme votre Père aussi est miséricordieux ». Il y aurait tant à dire sur cette parole du Seigneur Jésus. Dieu Créateur de l’Univers, le Tout-Puissant, est Père. Jésus nous a enseigné sa prière à lui, qui est devenu la nôtre : « Notre Père du Ciel ». Ce Père, comme tout vrai père, est bon et miséricordieux. « Comme un père a compassion de ses fils, le Seigneur a compassion de ceux qui le craignent » (Ps 102/103, 13), récite déjà la prière du Psaume.

Ensuite la parole de Jésus nous ouvre une grande espérance : avec lui, par le don de son Esprit, nous pouvons nous aussi devenir miséricordieux. Devenir bon et miséricordieux est le chemin de toute une vie. C’est le combat spirituel dont le théâtre est notre propre cœur. Car c’est dans le cœur humain que surgissent les passions du mal, enseigne le Seigneur.

Cette lutte spirituelle pour la conversion de notre cœur nous la vivons au jour le jour, dans notre famille, dans notre travail, dans nos loisirs, dans notre communauté monastique.

Saint Paul nous donne quelques  conseils pratiques pour vivre la miséricorde du Père :

« Puisque vous êtes élus, sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiment de compassion, du bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et si l’un a un grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellement ; comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. Et par-dessus tout, revêtez l’amour : c’est le lien parfait. Que règne en vos cœurs la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés tous en un seul corps. Vivez dans la reconnaissance. » (Col 3, 12-14)