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Exaltation de la Sainte Croix

La Croix exaltée (I Cor I, 18-24; Jn 19, 6-35)

La longue vigile, hier soir, de notre fête patronale, l’Exaltation universelle de la précieuse et vivifiante Croix, s’est ouverte par le chant suivant:

“La Croix exaltée invite l’entière création à chanter la Passion immaculée de celui qui y fut élevé; en elle en effet fut mis à mort, celui qui nous a tué. Il ressuscita les morts et leur rendit la première beauté pour en faire les citoyens de la céleste patrie, dans sa miséricorde et sa surabondance de bonté. Aussi dans l’allégresse exaltons le Nom du Seigneur et magnifions son extrême condescendance”.

La Croix exaltée de celui qui y fut exalté, nous en exaltons le Nom. Trois fois le mot: exalté, élevé. Il résume en lui toute notre foi. La Croix en est le symbole. Elle en exprime le paradoxe: La Parole de la Croix est une folie pour ceux qui périssent: pour nous qui sommes sauvés, elle est force de Dieu… Nous, nous prêchons un Christ crucifié, pour les Juifs un scandale, pour les Grecs une folie, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, le Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes (I Cor 1, 18-20).

Paroles puissantes de S. Paul qui départagent l’humanité. Pour les uns la Croix fait peur, au point que, de plus en plus, on la fait disparaître. Elle fait peur, car elle est le symbole de l’effroyable injustice et souffrance humaines. Pour le croyant à l’écoute des Saintes Écritures, la Croix est  l’arbre de vie qui révèle la puissance et la sagesse de Dieu, Croix qui, en-haut perce les cieux et ouvre le paradis et, dans les profondeurs des Enfers, broie le cœur de Satan. Aussi c’est une regard d’intense espérance que nous portons aujourd’hui sur la Croix, symbole du salut universel.

Mais nous n’en cachons pas sa face effroyable. Le Christ l’a vécue en priant, en criant le psaume 21: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? Il a prié tout le psaume jusqu’à la fin, “cri qui devient louange” (A. Wénin) qui culmine dans l’accomplissement final: Tout est achevé! Telle est son œuvre! L’exaltation du Christ jaillit de son abaissement. N’est-il pas venu sur terre pour chercher et sauver Adam, humanité perdue, égarée, et ne l’y trouvant pas, il est allé le chercher là, où il se trouvait, dans le royaume de la mort. C’est cela que nous dit la Croix aujourd’hui: mystère de l’Incarnation et mystère de la Rédemption, Noël et Pâques ensemble.

Notre chant initial souligne que “sur la Croix le Christ a tué celui qui nous a tués; il ressuscita les morts et leur rendit leur première beauté pour en faire les citoyens de la céleste patrie”. Descente de Dieu qui s’est vidé de lui-même, devenant semblable aux hommes, qui s’est abaissé, obéissant jusqu’à la mort, la mort sur une Croix (Phil 2, 6-11). Descente au plus profond et remontée jusqu’au faîte des cieux: trajectoire fulgurante. Dieu l’a souverainement élevé, l’a sur-exalté jusqu’au trône de Dieu, entraînant dans son sillage tout le genre humain et toute la création.

Nous trouvons dans ce chant que nous méditons un mot-clé fréquent dans l’Écriture qui veut dire “ému jusqu’aux entrailles”, à côté de surabondance, démesure de bonté et extrême condescendance. Ces expressions caractérisent si bien la vraie image de notre Dieu: un Dieu de miséricorde, ami des hommes.

Ce Dieu, notre Dieu, nous le confessons chaque fois que nous faisons le signe de Croix, et combien n’en faisons-nous pas dans cette église et dans l’église latine avec l’eau bénite qui nous met en présence de notre baptême. Mais aujourd’hui, plus que les autres jours, comme le vendredi-saint: “Nous vénérons ta Croix, Seigneur, et nous glorifions ta sainte Résurrection!”.  Amen.