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Annonciation de la Mère de Dieu

Frères et soeurs dans le Seigneur,
Hier soir, aux matines, on a chanté ce mégalynaire : De l'Archange nous
empruntons la voix pour te chanter : Vierge pure et pleine de grâce, réjouis-toi, le
Seigneur est avec toi. Avec la fête de l'Annonciation, on est comme dans une
atmosphère d'Avent, tandis qu'on est au début de la Semaine Sainte. Nous sommes
ainsi invités à contempler ce mystère à la lumière du mystère pascal.
Les paroles de l'archange Gabriel ont retenti aussi un innombrable nombre de
fois dans l'Acathiste, le samedi de la cinquième semaine byzantine du Carême, avec
le refrain « Réjouis-toi, Epouse inépousée ». Réjouis-toi, arbre au fruit merveilleux
qui nourrit les croyants, réjouis-toi, bois d'ombre et de fraîcheur, feuillage
protecteur, réjouis-toi, car tu as enfanté le guide des errants, réjouis-toi, car aux
pauvres captifs tu procures un Sauveur. - Réjouis-toi, qui nous délivres de la mort et
du tombeau, réjouis-toi, par qui le Paradis s'entrouvre de nouveau, réjouis-toi, clef
du royaume du Christ et porte du ciel, réjouis-toi, gage d'espérance pour les biens
éternels. - Réjouis-toi, tabernacle saint du Verbe divin, réjouis-toi, plus sainte qu'au
Temple le Saint des saints, réjouis-toi, arche recouverte d'or par l'Esprit, réjouis-toi,
trésor inépuisable de la vie.
Marie représente l'Israël des pauvres du Seigneur, qui attendent le salut de
Dieu, la consolation d'Israël. Elle est figure de tout le peuple de Dieu et de la
nouvelle création qui sera le fruit de la Rédemption opérée par la Croix et la
Résurrection de son Fils, le Messie. Nous aussi, nous sommes les bénis de Dieu,
comme Elle, en son Fils. Comme le dit l'épître aux Ephésiens : Le Père de notre
Seigneur Jésus Christ, nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles,
aux cieux, dans le Christ (Ep 1, 3). Le Sauveur que Marie va mettre au monde est
l'unique médiateur entre Dieu et les humains. Et Dieu a voulu passer par le
consentement de la Vierge Immaculée ; la vocation humaine est de collaborer avec la
grâce divine.
A cette parole – la salutation de l'ange – elle fut toute troublée, et elle se
demandait ce que signifiait cette salutation. Là où Zacharie veut savoir et connaître,
Marie cherche la signification, elle va plus en profondeur et se situe d'emblée dans
une attitude de foi qui écoute. Sommes-nous encore troublés – positivement – par la

parole de Dieu ? Souvent nous pensons déjà tout comprendre et savoir. Cherchons-
nous toujours la signification de ce qui nous arrive, dans la Sagesse du dessein de

Dieu ? Marie est l'illustration vivante de cette expression de saint Paul (en Rom. 8,
28) : Nous savons qu'avec ceux qui l'aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien,
avec ceux qu'Il a appelés selon son dessein.
Ce qui nous est promis à travers toutes les paroles divines, c'est que notre
destinée de grâce est d'être affranchis de l'esclavage de la mort, comme dit Hé 2, 15.
La mort symbolise aussi tout ce qui nous sépare de Dieu : le mal et le péché du
monde. C'est Dieu lui-même qui entre dans cette histoire humaine pour en faire une

histoire du salut. Nous pouvons – dans le Fils que la Vierge va concevoir – vaincre
tout ce qui essaie de détruire l'image de Dieu, nous pouvons vivre notre mort comme
un passage, une Pâques avec le Christ.
La puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre, dit l'archange. C'est
l'ombre de l'Esprit, qui sera donné au monde par le sacrifice pascal du Fils. L'ombre
fait penser aussi au nuage de la présence divine, la gloire du Seigneur qui emplissait
la Demeure (cf. Ex 40,34-35). Marie est le tabernacle saint du Verbe divin (cf.
Acathiste). L'ombre nous fait penser aussi à la nuit de la foi qui nous donne le
mystère de Dieu, aussi et surtout, lorsque nous ne comprenons pas et que nous
disons comme Marie : « comment cela sera-t-il ? ».
Rien n'est impossible à Dieu – dit l'ange – Qu'il m'advienne selon ta parole –
dit la Vierge. Et Saint Bernard, dans un sermon fameux, de dire : « Une brève
réponse de toi suffit pour nous recréer, de sorte que nous soyons rappelés à la
vie...Cette réponse, le monde entier l'attend, prosterné à tes genoux ». Ce 'oui' de
Marie est l'écho du 'oui' du Fils venant en ce monde : Voici, Je viens pour faire ta
volonté...(et l'épître aux Hébreux de commenter) : C'est en vertu de cette volonté que
nous sommes sanctifiés par l'oblation du corps de Jésus Christ, une fois pour toutes
(Hé 10, 9-10). La volonté du Père, c'est que nous soyons heureux dans son
Royaume, en sa présence ; c'est son dessein de salut.
A plusieurs reprises, saint Luc note que Marie méditait les paroles et les
événements concernant son Fils, dans son coeur. En même temps il note que Marie
et Joseph ne comprenaient pas : l'étonnement lors des paroles de Siméon dans le
temple, la non-compréhension des paroles de Jésus adolescent, retrouvé dans le
temple. Marie a dû s'accrocher à la parole de l'archange – que pour Dieu rien n'est
impossible – lorsque les événements semblaient complètement contredire les
promesses concernant le trône de David, pour son enfant, et son règne qui n'aura pas
de fin. La mission de Jésus rencontrait de plus en plus de contradiction et finira par
la Croix. La Mère du Sauveur nous aide à garder l'espérance, lorsque l'humanité
souffre des tribulations de la guerre et de la famine, lorsque l'Eglise est faible dans
son témoignage. Elle oriente notre regard vers la victoire du Crucifié dans la
Résurrection. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas, a-t-Il
dit (Mt 24, 35).