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Troisième dimanche de carême - La Croix

Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il renonce à lui-même et prenne sa
croix, et qu'il me suive. Cette parole est en fait, la formule fondamentale
qui ramasse toute la vie chrétienne. Nous n'aimons pas trop entendre
cette phrase, ce sont des mots durs. Nous ne voulons pas nous renier,
mais nous réaliser. Se renoncer à soi-même, prendre sa ta croix et
suivre le Christ, est pourtant une condition pour être disciple du Christ,
pour être chrétien.
Qu'il renonce à lui-même. Donc, « nier » signifie « nier l’existence ».
Ainsi, « se renier soi-même » signifie nier sa propre existence. Car se
renier, c'est renoncer volontairement à son ego, à son autonomie et
même à son identité. C’est s'identifier radicalement à l'autre et ne pas
insister sur la poursuite de ses propres normes et désirs. C’est le Christ
lui-même qui devient notre identité, le vrai sens de notre vie. Le Seigneur
Jésus dit donc que celui qui veut le suivre doit considérer et traiter sa
propre personne comme si elle n'existait pas. Le renoncement à soi-
même consiste donc à se mettre à l'écart pour confesser Jésus et laisser
le Christ vivre en nous avec son Saint Eprit.Comme l’a dit saint
Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. »
Renoncer est-ce « prendre sa croix » ? Nous avons souvent entendu
dire que suivre Jésus-Christ, c'est suivre la croix, et que chaque
chrétien a sa croix à porter. Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Pour
beaucoup la croix semble représenter la douleur et la détresse, le
malheur en tout genre. Et tout le monde a assez à porter ainsi. Chez l'un,
il peut s'agir de la maladie, de la solitude ou de la peur, chez un autre
d'un problème de dépendance, d'une dispute conjugale ou d'un
surmenage professionnel. Chacun a son paquet à porter ! Chaque
maison a sa croix ». Mais attention, est-ce bien cette croix-là que nous
devons prendre sur nous ? En fait, ce n'est pas de cela que Jésus parle.

Car de telles détresses et afflictions touchent tous les hommes de la
même manière. Il n'est pas nécessaire d'être un disciple de Jésus pour
souffrir dans ce monde. Et nous croyons que le Seigneur peut nous aider
et nous donner la force de le supporter, comme l’a dit S. Paul : « nous
savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur
bien. ». Quand il parle de prendre sa croix, Jésus s’adresse
spécifiquement à ses disciples. Que signifie donc « chacun porte sa
croix »? Jésus ne parle pas ici d'une souffrance quelconque, qui nous
tomberait dessus par hasard, alors que nous la maudissons
intérieurement. Il parle plutôt d'une souffrance que nous endossons
consciemment parce que nous nous sommes décidés à le suivre sur son
chemin, et que nous acceptons tout ce que ce chemin implique et exige.
Porter la croix, ce n'est donc pas une expérience passive que nous ne
pourrions pas éviter, mais un acte positif auquel on se décide : on prend
sa croix. Ce dont parle Jésus, c'est d'une croix qui est liée sans
équivoque à la suite du Christ. C'est une croix que tu dois porter, si tu
veux suivre le Christ. S. Paul dit dans son épître aux Galates : « Je suis
crucifié avec le Christ ; je vis, mais ce n'est plus moi qui vis, c'est le
Christ qui vit en moi ». Paul renonce à son ego. Plus loin il dit encore :
« Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses
convoitises ». Par notre baptême, nous avons revêtu le Christ, notre
« vieil homme » est mis à mort et « l'homme nouveau » vient à la vie. La
mise à mort de notre vieille nature ne se produit pas de façon
instantanée. Elle se fait progressivement. C'est une lutte constante et
difficile, une lutte de chaque jour. Comme le dit S. Paul, notre vieil
homme doit se conformer à l'image du Christ, et faire disparaître
injustice, perversité, cupidité, méchanceté, débauche, haine, discorde,
jalousie, rivalités, dissensions, colère, mensonge, et tant d’autres vices.
L'homme nouveau, lui, est plein de sentiments de compassion, de

bienveillance, d'humilité, de douceur, de patience et de tant d'autres
vertus. En fait, notre orgueil doit mourir pour que l’humilité gagne de la
place. Et notre colère doit mourir pour que la douceur puisse la
remplacer. Notre cupidité doit mourir pour que nous puissions partager.
Et notre arrogance doit mourir afin que nous puissions rendre gloire à
Dieu. Tout cela est un combat de chaque jour, c’est notre croix. Notre
Seigneur lui-même par sa vie nous a donné l’exemple, il a montré
comment prendre sa croix. La croix de Jésus n’est pas simplement
quelque chose qui est arrivé à Jésus et qu’il a enduré passivement. Sa
Croix a été précisément la conséquence de ses actes, de sa fidélité à la
volonté du Père, d’avoir proclamé la bonne nouvelle en paroles et en
action, de son engagement envers les faibles, les malades, et les exclus
de la communauté, de son engagement en faveur de la justice, du culte
vrai et honnête, de l’humanité authentique et de la charité véritable. Cet
engagement de Jésus, cette proclamation du Royaume de Dieu, a
provoqué beaucoup de conflits dans sa vie qui font aussi partie de sa
croix, de son chemin de la croix. Ce n’est que lorsque le conflit eut atteint
son apogée et que Jésus se fut demandé s’il était également prêt à
incarner jusqu’au bout la générosité de Dieu, que la question de la croix
physique s’est posée. Jésus répondit oui et il donna sa vie .
A nous aussi de vivre chaque jour comme un homme nouveau avec les
sentiments du Christ, et de proclamer par notre vie et nos actes que
Dieu nous aime et qu´Il désire que tous les hommes deviennent des
hommes nouveaux. Alors il y aura pour toujours la joie et la paix dans le
monde .