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Vendredi saint Mise au tombeau

Chères sœurs et chers frères

 Je suis vraiment triste aujourd'hui parce que mon meilleur ami est décédé. Je vous demande votre sympathie pour surmonter cette épreuve car il était un morceau de mon cœur. Aujourd'hui, lors d'un enterrement, on parle de la vie du défunt, et je voudrais vous parler de la vie de mon ami. C'était vraiment un homme merveilleux, oui pour moi le "vrai homme" tel que Dieu avait rêvé que l’homme soit. Et comment ! C'était un prédicateur ambulant, plein d'empathie pour les pauvres, les veuves, les malades, quelle que soit leur maladie. Sourds-muets, paralysés, aveugles, parents d'enfants malades, bref toutes les personnes, quelle que soit la souffrance, physique ou psychologique, il avait un cœur pour eux et se tenait à leurs côtés. Ce qui m'a le plus étonné chez lui, c'est sa miséricorde, son empathie pour les cœurs des exclus de la communauté de son peuple : les collecteurs d'impôts, les prostituées, les païens, les samaritains ; oui, imaginez, il est allé dîner avec eux, le meilleur signe d'amitié. Il a regardé leurs cœurs en mal de pardon et de communion avec Dieu. On pouvait sentir qu'il rencontrait, saluait tout le monde avec un cœur ouvert, sans condamnation. Il voyait l’homme même différemment de nous, parce qu'il avait la conviction que tous les hommes sont enfants de Dieu et créés par Dieu. C'est ainsi qu'il m'a parlé des collecteurs d'impôts Matthieu, Zachée, du pauvre Lazare et des femmes comme Marthe, Marie, Suzanne et du scribe Nicodème.... quoi que disaient les prêtres et les scribes de son temps, cela ne pouvait pas le toucher parce qu'il se sentait appelé, oui envoyé : pour vivre, en paroles et en actes, ce que Dieu est pour l’homme. Mes amis, oui je dois être honnête, parce qu'il est aussi votre ami : il disait encore : "Je ne vous appelle plus serviteurs, mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai communiqué tout ce que j'ai entendu de la part du Père". Ce qu'il disait était un langage tellement différent de celui des hommes, j'étais suspendu à ses lèvres si proprement qu'il pouvait le dire avec des images, des paraboles, et on le sentait ainsi : ce qu'il dit, il le fait, il le soutient de toute sa personne. Et mes amis, c'est vraiment un message nouveau et joyeux qu'il a apporté. Car il parlait de celui qui l’avait envoyé, Dieu, qu'il appelait père. Incroyablement, le Créateur de tout, le Tout-Autre, le Saint est son père qui appelle mon ami " son fils bien-aimé ". C'est pourquoi il pouvait si bien parler de ce Père qui est miséricordieux, indulgent, longanime, patient, Oui rien de tel que l’amour. On sentait quand il en parlait que le Père l’habitait. Mais mon ami parlait aussi de l’homme et de ce qui se passe dans le cœur de l’homme et c’était parfois dur et cela faisait réfléchir car il fallait dire, si l’on est sincère avec soi-même : il dit la vérité. Ainsi, il dit : " C'est du dedans, du cœur de l’homme, que viennent les mauvaises pensées, l’impudicité, le vol, le meurtre, la débauche, l’envie, le blasphème, l’orgueil, la légèreté.

Bref, Dieu n'est plus le centre de sa vie lorsque l’homme se dit : je peux vivre sans Dieu. Cela fait vraiment mal à Dieu, qui est amour et qui a créé l’homme par amour. Jésus, car tel est le nom de mon ami c'est-à-dire celui qui sauve, l’Emmanuel, le Dieu avec nous, a voulu, par sa parole et ses actes, par toute sa vie, par la croix et la mort, nous faire comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons tous et nous appeler tous à la repentance : o homme revenez au Père, votre et mon Père.... Lui qui a utilisé de nombreuses images de la nature a dit qu'il était venu en tant que berger pour chercher, rassembler et ramener au Père les brebis perdues que nous sommes. À la fin de sa vie, il s'est exclamé : "Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous ne l’avez pas voulu." (Mt 23, 37) Oui notre situation ! On peut dire avec une image de la nature : un petit oiseau tombé du nid est perdu. L'homme est tombé du nid d'amour de Dieu, de la communion d'amour du Père-Fils et de l’Esprit Saint, il en est sorti, il est condamné. Qu'en est-il maintenant ? Ne craignez rien, ne paniquez pas, la bonne nouvelle est insaisissable par la raison humaine : Dieu lui-même vient à nous en son Fils. L'amour du Père pour nous envoie le Fils, oui nous donne le Fils et comme il a assumé notre nature humaine, il connaît notre situation de vie. Nous respirons tous encore beaucoup trop l’air de la haine, de l’orgueil, du pouvoir, de l’argent, de l'égoïsme. Nous sommes vraiment malades. Je me souviens souvent de ce que Jean, un ami bien-aimé de Jésus, nous a raconté : un jour, les scribes amènent à Jésus une femme prise en flagrant délit d'adultère. Selon la loi, elle devait être lapidée et les scribes demandent donc à Jésus son point de vue. D'abord, Jésus ne dit rien, puis il dit : Que celui d'entre vous qui est sans péché soit le premier à lui jeter la pierre. L'un après l’autre, ils s'en allèrent. Et puis, avec Jésus, pas de reproche, pas de condamnation de la femme, juste un encouragement : "Moi non plus, je ne te condamne pas, va et désormais ne pèche plus." Et bien : J'ai le courage de demander à vous : y a-t-il quelqu'un ici qui n'ait pas péché, qui puisse se tenir debout parce qu'il peut être un exemple pour nous ? personne, oh je suis heureux, vous avez tous compris : nous sommes tous malades... Maintenant, par amour pour nous, imaginez que Jésus, notre ami, assume volontairement les conséquences de notre chute loin de Dieu, et ce jusqu'à l’extrême : la souffrance physique et psychologique et la mort sur la croix entraînant la mort, la vraie mort : la solitude, l’aliénation, oui la distance la plus éloignée entre Dieu et l’homme. Il prend cela sur lui pour nous. Je dis volontairement parce qu'il n'en avait pas besoin, péché. Il le fait pour nous et reste ainsi fidèle à la mission que lui a confiée le père. Il est donc pour nous un exemple de foi et de confiance inébranlables dans le père, même s'il se sent abandonné. Plus tard, il dira lui-même à un saint : "Ce n'est pas pour rire que je t'ai aimé. Je pourrais parler de lui pendant des heures encore, mais le service ne devrait pas être trop long, mais je veux déjà vous dire ce que nous chanterons demain soir : par sa mort, il a tué la mort. Venez célébrer avec nous demain soir.