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Pâques 2021

Que l’on soit croyant ou non, voilà une fête de Pâques comme nous n’aurions jamais pensé en passer une, puisque pour la deuxième année consécutive nous sommes limités dans nos mouvements par cette pandémie qui resurgit à tout instant comme l’hydre des enfers. Les chrétiens se sentent particulièrement touchés puisque cette année, à défaut d’être interdits de célébrations, ils sont fortement limités dans leur participation. Et quant à nous, qui avions traversé l’épreuve sans problème, nous avons soudain été rattrapés par la maladie et contraints de célébrer de rares offices, toutes portes closes.

Que cela ne nous empêche pas de crier haut et fort que le Christ est ressuscité ! Car comme le dit saint Paul dans sa lettre aux Romains : « j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 38-39) Et encore : « nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même ; si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur. Car le Christ est mort et est revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants » (Rm 14, 7-9). Voilà tout le sens de notre vie chrétienne, de notre vie en Christ, agir par Lui, avec Lui et en Lui.  

Le Christ est ressuscité, et nous le sommes avec lui, mais nous ne sommes pas au mieux de notre forme. Sans doute, les disciples ne l’étaient-ils pas non plus le matin de la Résurrection. Ils ne devaient pas avoir beaucoup dormi depuis l’arrestation de Jésus, partagés qu’ils étaient entre le remord d’avoir abandonné le Maître et la peur d’être reconnus comme ses disciples et d’être arrêtés eux aussi. Sans compter qu’ils devaient également être déçus dans leurs attentes, pour ne pas dire leurs illusions. Sans doute les événements s’étant précipités n’en comprenaient-ils pas vraiment la portée. C’est donc progressivement qu’ils vont prendre conscience du fait de la Résurrection.                                                           

Les évangiles nous le laissent découvrir depuis la surprise et l’effroi des femmes trouvant le tombeau vide à l’aube de ce premier jour de la semaine jusqu’à l’incrédulité des Onze face au Ressuscité présent au milieu d’eux le soir de ce même jour, en passant par la perplexité de Pierre telle que nous la présente saint Luc (Lc 24, 12), sous oublier les disciples d’Emmaüs au cœur tout brûlant. Notre cœur n’est-il pas aussi tout brûlant, et pas seulement de fièvre, à l’annonce de cette vie nouvelle qui nous est offerte, cette vie qui se reconnaît, se donne et se reçoit dans la fraction du pain ?

Placés devant le fait accompli du tombeau vide ou des apparitions du Christ ressuscité, ce n’est que petit à petit que les disciples découvrent, et nous à leur suite, la profondeur de cette vie nouvelle, « cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3,3) qui est désormais la leur, la nôtre.

Laissons-nous rencontrer par le Ressuscité et gagner par la Résurrection, et comme le dit saint Paul dans le beau témoignage qu’il donne aux Philippiens, cherchons à « le connaître, lui [le Christ], avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts » (Ph 3, 10-11).

Oui, laissons-nous rencontrer par le Ressuscité et gagner par la Résurrection, car il nous l’a promis, comme nous l’avons chanté au début de cette messe : Je suis ressuscité, et je suis toujours avec toi !