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Présentation du Seigneur 2021

De Syméon, l’Évangile dit qu’il attendait la Consolation d’Israël. Qu’est-ce que la Consolation d’Israël sinon l’amour de Dieu pour son peuple, la présence de Dieu au milieu de son peuple ?! Une présence qui est objet de la promesse du Seigneur. Déjà le psalmiste le chantait : « Voici ma consolation dans ma misère, ta promesse me vivifie » (Ps 119, 50) et « Que ton amour me soit consolation, selon ta promesse à ton serviteur » (Ps 119, 76), et encore, en des termes qui nous paraissent sortis tout droit de la bouche de Syméon : « Tu nourriras mon grand âge, tu viendras me consoler » (Ps 71, 21). Heureuse espérance qui nourrit l’attente du vieillard Syméon et de ceux qui, comme lui, attendent la Consolation d’Israël. Elle prélude à la Loi du Royaume : « Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés » (Mt 5, 5).

« Consolez, consolez mon peuple … » (Is 40, 1), tel est l’appel pressant du Seigneur au début du second Livre d’Isaïe (Is 40-55) qui en reçoit son nom, Livre de la Consolation, véritable « Évangile » annonçant la Bonne Nouvelle du Salut, après les épreuves de l’exil. La Consolation est l’œuvre de Dieu parce que le Salut est l’œuvre de Dieu. Et si Consolation rime avec Libération, elle ne se limite pas à une réalité d’ordre purement matériel, la libération de l’esclavage et de l’oppresseur, elle touche à une réalité bien plus profonde, d’ordre spirituel, qui relève de l’Alliance de Dieu avec son peuple et de la fidélité réciproque à cette Alliance. Les prophètes y ont vu l’expression de l’ère messianique et c’est à juste titre que Syméon, attendant la Consolation d’Israël, se trouve comblé en recevant l’Enfant-Messie dans ses bras. « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » (Lc 2, 29-32)

Vieillard à la vision prophétique résolument tournée vers l’avenir, Syméon,  ̶  tout comme la prophétesse Anne d’ailleurs (cfr Lc 2, 38),  ̶  ne se limite pas, ne peut se limiter à voir, comme tant d’autres, dans la Consolation d’Israël la libération de l’envahisseur romain, méprise qui constituera l’une des principales pierres d’achoppement de la mission de Jésus. « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction […] : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »     (Lc 2, 34-35) 

Comme le suggère déjà le prophète Malachie, c’est en un renouvellement du culte et en une purification du cœur, expressions du renouvellement de l’Alliance de Dieu avec son peuple, qui laisse pressentir le culte en esprit et en vérité (cfr Jn 4, 23), que consiste essentiellement pour Syméon la Consolation d’Israël : « et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient – dit le Seigneur de l’univers » (Mal 3,1). Syméon appartient bien à cette race de chercheurs de Dieu qui désirent voir le messager de l’Alliance. « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : “Ton Dieu règne”. » (Is 52, 7) Les prophètes se répondent l’un à l’autre et convergent dans la joie du retour et de la venue du Sauveur.

En recevant l’Enfant Jésus dans ses bras, Syméon reçoit la Consolation d’Israël, celui par qui Dieu se réconcilie son peuple, et au-delà, l’humanité entière.  « Car, comme l’écrit saint Paul aux Éphésiens, c’est lui [Jésus] qui est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, […] pour créer en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau, faire la paix, et les réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul Corps, par la Croix … » (Ep 2, 14-16) Là, à la croisée du ciel et de la terre, est la véritable rencontre du Seigneur avec son peuple, avec l’humanité réconciliée, que laisse entrevoir la fête de ce jour.

Que cette fête ravive en nous le désir de rencontrer le Seigneur, de le recevoir à bras ouverts, qu’avec le vieillard Syméon, la prophétesse Anne et tous ces chercheurs de Dieu dont font aussi partie Marie et Joseph, les parents de l’Enfant, nous soyons consolés, libérés, réconciliés, et que vive notre cœur ! (cfr Ps 68, 33)