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Dimanche du Paralytique

Un baptême de communion
La guérison à Betzatha (Actes 9,32-42; Jean 5, 1-15)

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
Frères et sœurs,
Dans la discussion qui a suivi la guérison du paralytique, que nous avons entendue dans l’évangile de ce matin, Jésus dit aux Juifs: “Vous scrutez les Écritures, parce que vous pensez qu’en elles vous avez la vie éternelle. Or, ce sont elles qui témoignent à mon sujet, et vous ne voulez pas venir vers moi pour avoir la vie!” (Jn 5, 39-40).
Il y a, en effet, différentes manières d’écouter ou de lire la Parole de Dieu.
D’abord, nous pouvons écouter le récit de l’évangile pour essayer de comprendre ce qui s’est réellement passé ce jour-là, un peu comme un journaliste qui reconstitue avec précision le déroulement d’un événement important.  
Mais l’évangile n’est pas un journal de faits divers. L’évangéliste veut toujours nous transmettre un message, il veut nous donner plus le sens des événements que les événements mêmes. Il nous raconte les événements toujours “à sa manière”, il met des accents pour nous faire comprendre sa vision, encore aujourd’hui.
Nous devons donc nous demander aussi, lorsque nous écoutons ou lisons l’évangile: que veut dire ce récit pour moi-même? Et si ce malade, c’était moi? Et si cette parole de Jésus s’était adressée aujourd’hui à moi-même? Comment est-ce que je réagirais, qu’est-ce que je ferais?
Souvent nous connaissons trop bien l’évangile. Nous entendons, mais nous n’écoutons plus. Si nous écoutions la Parole de Dieu comme si c’était la première fois, et comme si elle s’adressait non pas à un malade d’il y a deux mille ans, mais comme à nous-mêmes, à chacun personnellement, nous en serions davantage bouleversé!
Dans l’évangile, en effet, Jésus lui-même vient personnellement à ma rencontre. C’est de moi qu’il s’agit! C’est moi qu’il voit là, couché depuis trente-huit ans (ou plus!), paralysé, dans l’attente d’un ange et de la main d’un homme, dans l’espoir d’une guérison mira¬culeuse, un espoir contre toute espérance. C’est à moi qu’il dit: veux-tu vraiment être guéri? C’est à moi qu’il dit de me relever, de prendre mon grabat, de marcher, et de ne plus pécher. Il me demande de lui faire confiance, de faire ce qu’il me dit, Lui qui me connaît depuis toujours, et moi, qui ignore encore qui est vraiment Celui qui m’a guéri. Il me guérit gratuitement, sans rien me demander en retour. Il me guérit et puis il s’efface. Au départ, je ne connais même pas son nom. Pour me guérir, il n’a pas besoin de l’ange du Seigneur, ni du bouillonnement de l’eau. Il est le Seigneur lui-même, le Maître du sabbat, ce grand sabbat que son Père, après la Création, avait consacré au repos (Gen 2,3), il est vrai, mais aussi au salut: car c’est un jour de sabbat que le Christ est descendu aux enfers pour en sauver l’humanité.
Il n’est pas étonnant, frères et sœurs, que l’Eglise nous propose cet évangile chaque année pendant le temps pascal. Vous savez que dans l’Eglise ancienne, les adultes étaient baptisés de préférence la nuit de Pâques. Les semaines qui suivaient la fête de Pâques étaient consacrées à l’approfondissement de la foi, à une meilleure compréhension de ce sacrement et des engagements de la vie chrétienne.
Le vrai baptême, ce n’est pas le bouillonnement de l’eau par un ange qui y descend, mais une rencontre personnelle avec Jésus, notre Sauveur. Il est venu gratuitement, de manière inattendue et non méritée, mais il nous demande si nous voulons vraiment être guéris. Nous ne devons plus compter sur nos propres forces, ni attendre en vain l’aide d’autres malades aussi faibles et malheureux que nous. Jésus est venu abolir la concurrence entre les impuissants qui ne comptent que sur leur propres forces et qui ne veulent ni ne peuvent se sauver mutuellement. Non, notre seul Sauveur, c’est le Christ. Être baptisé, c’est habiller le Christ, vivre en Lui, et en lui seul. Par Lui et en Lui, nous ne serons plus des rivaux, des concurrents, mais des frères et des sœurs en communion.
Le péché, c’est de refuser cette communion, cette rencontre dans le Christ. “Voilà que tu as recouvré la santé; ne pêche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire”. Cela ne veut pas du tout dire que la maladie est la conséquence du péché. Cela veut dire que nous sommes tous pécheurs, avant et après, mais que les conséquences du péché sont plus graves que les maladies physiques. C’est de ces conséquences que le Seigneur est venu nous sauver, si nous le voulons bien. “Veux-tu recouvrer la santé? Alors, lève-toi, emporte ton grabat et marche!”. Cela se passait un jour de sabbat: “Celui qui écoute ma parole et qui croit Celui qui m’a envoyé à la vie éternelle, et il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie” (Jn 5,24). Amen.