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Ascension 2025

Comme nous venons de l’entendre, l’évangéliste Luc donne deux récits de
l’Ascension, l’un à la fin de son Évangile et l’autre au début des Actes des
Apôtres. Ne nous laissons pas troubler par les différences de chronologie qu’ils
présentent, le premier situant l’Ascension au soir même de Pâques, le premier
jour de la semaine, et le second quarante jours plus tard. L’agencement du récit
répond à des fins littéraires et pastorales. L’essentiel est ailleurs, et se retrouve
dans les deux récits. Ressuscité des morts, le Seigneur Jésus est glorifié auprès
de Dieu son Père. Et cette glorification est exprimée visuellement par son
élévation au ciel parce que nous avons besoin d’images qui nous font mieux
comprendre la réalité. Or c’est dans le ciel que l’on se représente habituellement
Dieu comme étant par-dessus tout. C’est là aussi que le situe la lettre aux
Hébreux quand elle dit que le Christ « est entré dans le ciel même, afin de se
tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu » (He 9, 24).
Jésus lui-même avait annoncé ce retour au Père, comme le rapporte l’évangile
de saint Jean : « Nul n’est monté au ciel hormis celui qui est descendu du ciel, le
Fils de l’homme » (Jn 3, 13). Jésus ne s’évade pas de notre condition humaine,
mais après l’avoir assumée jusqu’à l’extrême, c’est-à-dire la mort, - « et la mort
sur une croix » précisera saint Paul dans sa lettre aux Philippiens (Ph 2, 8), - il la
porte avec lui auprès de Dieu et lui rend sa dignité première, celle que Dieu lui
destinait dès avant la fondation du monde, car en Lui, le Christ, nous dit encore
saint Paul, Dieu « nous a élus … dès avant la fondation du monde, pour être
saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que
nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ » (Ep 1, 4-5). Nous
avons là comme l’écho des paroles mêmes de Jésus : « Dieu a tant aimé le
monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde
pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).
Cela dit, c’est finalement la seconde version du récit de l’Ascension qui a
prévalu, comme en témoigne la fête d’aujourd’hui, quarante jours après Pâques.
Elle n’en demeure pas moins étroitement liée à la Résurrection et à la Pentecôte,
à la venue de l’Esprit, puisque de l’aveu même de Jésus, celle-ci est
conditionnée par son retour au Père : « c’est votre intérêt que je parte ; car si je
ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous » (Jn 16, 7). L’Ascension est
généralement considérée comme la dernière apparition de Jésus aux apôtres.

Désormais, Jésus ne leur sera plus visible, mais il n’en sera pas moins présent
comme Il l’a promis, ainsi que le rapporte l’évangéliste Matthieu : « Et voici que
je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20).
Si le Mystère du Salut est un, sa décomposition en plusieurs célébrations
successives, - Pâques, Ascension, Pentecôte : Résurrection d’entre les morts,
Montée au ciel et Venue de l’Esprit Saint, - nous permet de mieux le contempler
et d’en saisir la profondeur. Une contemplation et une compréhension qui ne
sont jamais achevées, mais qui s’affinent au fil du temps par notre écoute de la
Parole de Dieu et notre participation à la table du Seigneur. C’est là, dans la
docilité au souffle de l’Esprit qui nous est promis et « qui nous introduira dans la
vérité tout entière » (Jn 16, 13), que le Seigneur nous ouvre l’esprit à
l’intelligence des Écritures, enflamme notre cœur et se laisse reconnaître à la
fraction du pain (cfr Lc 24, 45. 32. 35). Le Seigneur Jésus qui n’est plus visible,
est donc là bien présent, agissant avec nous (cfr Mc 16, 20) et nourrissant notre
espérance. À nous d’en témoigner et de rendre compte de cette espérance qui est
en nous (cfr 1 P 3, 15) !