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Jubilé de 75 ans de Profession du P. Nicolas

« Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit. » (Ga 5, 25) Voilà sans doute ce qui décrit le mieux la détermination avec laquelle le Père Nicolas s’est engagé il y a 75 ans et a marché depuis lors. Quoi d’étonnant puisque la vie spirituelle, et par conséquent la vie monastique, est une vie selon l’Esprit. Un Esprit qui pousse vers le Seigneur, un Esprit qui pousse à une rencontre toujours plus intime avec le Seigneur. Certains commentateurs de la Règle de saint Benoît ont vu dans l’Esprit Saint, ce « bon maître » que le moine est invité à écouter dès le début du Prologue, dès le début de son cheminement. Quoi qu’il en soit, marcher sous la conduite de l’Esprit ou à la suite du Christ, c’est tout un et c’est toujours aller vers le Père, vers ce Dieu qui toujours nous appelle et nous crie : « Quel est l’homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? ». Un Dieu qui nous stimule aussi : « Courez pendant que vous avez la lumière de la vie ». Voilà donc 75 ans que le Père Nicolas court avec un égal enthousiasme et même un enthousiasme grandissant !

Enthousiaste, autrement dit « pris par Dieu », et disons-le « séduit par Dieu », car comme le prophète Jérémie et tant d’autres, le P. Nicolas s’est laissé séduire par Dieu, et c’est le titre qu’il a donné à un ensemble d’homélies qu’il vient de publier et qui sont un véritable témoignage de vie, un témoignage de foi donné avec vigueur et conviction. Considérant les années parcourues par le P. Nicolas, on en vient quasi spontanément à penser au vieillard Syméon et à la prophétesse Anne, fidèles à servir le Seigneur dans le Temple et allant à sa rencontre, poussés par l’Esprit. Anne et Syméon, témoins joyeux de la venue du Sauveur dans l’attente, l’annonce et la prière. Et quand je dis prière, je pense à cette prière par excellence que juifs et chrétiens ont en commun : les psaumes. Ces psaumes priés, chantés, médités, enseignés et tant aimés par le P. Nicolas. Les psaumes qui, comme la prédication évangélique, commence aussi par une béatitude : « Heureux est l’homme celui-là qui ne va pas au conseil des impies, … mais se plaît dans la loi du Seigneur, mais murmure sa loi jour et nuit ». Un murmure qui redit sans cesse la Parole entendue et qui s’alimente dans la lectio divina, cette lecture continue, méditée et priée de l’Écriture Sainte qui établit le moine dans une relation d’intimité avec le Seigneur et l’y maintient.

Ailleurs, le psalmiste s’adresse directement à Dieu : « Heureux qui se fie en toi ». Se fier au Seigneur, tout est là dans cette longue marche à la suite du Christ. Avancer avec confiance, sachant que Dieu est fidèle au-delà de toutes nos infidélités, et que, s’il nous conduit au désert, c’est toujours pour y renouveler son Alliance comme au premier jour. C’est aussi le sens de ces étapes que l’on aime marquer de 25 ans en 25 ans, parfois à plus courte distance, et qui sont comme un enfouissement toujours plus grand dans le mystère de Dieu. « En effet, nous dit saint Benoît, à mesure que l’on progresse dans la vie religieuse et dans la foi, le cœur se dilate, et l’on court dans la voie des commandements de Dieu, avec la douceur ineffable de l’amour ».

La douceur ineffable de l’amour. La douceur, un des fruits de l’Esprit qui, par conséquent, découle tout naturellement de la douceur de Dieu, puisque « l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus » (Rm 8, 39) « a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit » (Rm 5, 5). L’amour de Dieu, c’est sa compassion pour l’humanité, quelque chose qui le prend littéralement aux entrailles, parce que Dieu a « des entrailles de miséricorde » qui nous révèlent la puissance et la tendresse de son instinct maternel autant que paternel. Ce sont là des thèmes ou plutôt des réalités salvifiques qui sont chères au Père Nicolas et qui ont toutes leur origine dans la Pâque du Seigneur où nous est donnée la vie en surabondance. Cette Pâque, que nous célébrons une fois l’an avec une particulière solennité, est encore commémorée chaque dimanche. Le dimanche, Pâques hebdomadaire, est donc, comme le disait dom Lambert Beauduin, le « jour œcuménique par excellence » puisque toutes les Églises y célèbrent la résurrection du Seigneur. Et je crois que l’on peut dire sans exagération que ce grand mystère de Vie, chevillé au cœur du Père Nicolas, le fait devenir toujours plus Alléluia des pieds à la tête. Merci Père Nicolas pour ce témoignage de vie, ce témoignage de foi. Puissions-nous, nous aussi, devenir Alléluia des pieds à la tête, et marcher d’un cœur dilaté « sous la conduite de l’Esprit » !