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32e dimanche après Pentecôte

Notre évangile d’aujourd’hui s’inscrit juste après que Jésus a annoncé pour la troisième fois à ses disciples sa passion ,sa mort et sa résurrection et l’évangéliste Luc nous dit : » mais eux, les apôtres n’y comprirent rien. Cette parole leur demeurait voilée   et ils ne savaient pas ce que Jésus voulait dire. » En fait, les apôtres étaient encore aveugle. Malgré leur l’inintelligence, Jésus continue sa route vers Jérusalem en passant par Jéricho. Là, sur le bord de la route, est assis un aveugle qui mendie ; en période de pèlerinage, c'est probablement un endroit idéal pour recevoir une aumône. Apparemment, il s'agit d'un personnage connu à Jéricho, ou du moins son père était un homme connu, car il est désigné par l'évangéliste Marc comme "fils de Timée' et appelle Bartimée" : ce qui signifie : le fils de lui, qui honore Dieu. Un aveugle qui mendie est totalement dépendant de l'aide des autres. Il entend le passage de la foule et demande une explication. On lui dit que Jésus le Nazaréen passe par là . La renommée de Jésus a certainement atteint Jéricho, de sorte que lorsque l'aveugle a entendu que Jésus était dans la foule, il a hurlé, comme les esprits impurs ou comme les disciples terrifiés pendant la tempête sur le lac. Il est surprenant que le mendiant appelle Jésus comme » le Fils de David, ». Le fils de lui qui honore Dieu, considère Jésus comme le Fils de David. L'aveugle voit, il voit Jésus comme le Sauveur et le Messie promis. "Fils de David", c'est l'appellation du Messie, de celui que Dieu doit envoyer pour le rétablissement d'Israël. Le Messie, c'est l'Oint du Seigneur, celui que Dieu consacre par l'onction pour le salut de son peuple. Le Messie, c'est l'objet de l'espérance générale en Israël, des docteurs et des savants comme du peuple, des autorités religieuses comme des plus abandonnés des hommes. Le Messie, c'est le descendant de David que Dieu a promis pour rétablir sa justice et que tous attendent. Pour l'aveugle, proclamer Jésus fils de David, c'est proclamer sa messianité, c'est le reconnaître publiquement comme l'objet de l'attente d'Israël. C'est la première fois que Jésus est interpellé à ce titre. Personne ne l'avait jamais dit. C'est un aveugle qui le révèle.  L’aveugle avec ses yeux aveugles, est celui qui voit et les gens autour de lui, qui ne sont pas aveugles, ne le voient apparemment pas. Ils pensent que cet aveugle devrait se taire. Mais lui, il connaît les prophètes comme Jesaja , qui à dit : « le messie rendra la vue aux aveugles ». C'est pourquoi il persévère, sans se laisser décourager et avec cette lumière intérieure dans son cœur, il a le courage de se montrer vulnérable et digne de confiance à Jésus. Par deux fois, il crie à Jésus : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ». Jésus ne peut pas ignorer un appel à l'aide et permet donc à l'aveugle de venir à lui. Et Jésus parle à l'homme comme un serviteur parle à son maître : "Que veux-tu que je fasse pour toi ? Jésus ne dit pas ce qui est bon pour l'homme, mais s'enquiert de ses besoins. Bartimée demande ce qu'il fait déjà : " Seigneur, fais-moi voir ». Seigneur : Ici un disciple s'adresse à son maître. L'aveugle aurait pu dire, comme la foule des disciples, "Rabbi, Maître". "Seigneur", c'est la reconnaissance et l'affirmation publique que Jésus est l'envoyé de Dieu, Lui est dévolue, que Dieu agit par Lui et à travers Lui. L'aveugle reconnaît la toute-puissance de Jésus. Il avoue en même temps sa misère, sa détresse ;Il implore de Jésus la grâce divine de sa guérison, dans la plus complète humilité autant qu'avec la plus totale obstination. "Vois, dit Jésus, ta foi t'a sauvé". Ce n'est pas le miracle qui importe le plus. C'est la foi de l'aveugle. La foi qui fait de l'aveugle un voyant. La guérison ne vient qu'en prolongement de la foi. Plus même, elle n'en est pas tant la conséquence que l'expression visible et extérieure. À la limite, la guérison n'apporte rien à l'aveugle qu'il n'eût déjà: voyant il était, voyant il reste. Par la foi, l'aveugle est devenu un voyant, c'est-à-dire un prophète, qui annonce et proclame Jésus Christ et Seigneur et qui suit Jésus vers Jérusalem . Guérir un aveugle c'est, évidemment, lui redonner la vue, mais ici ce n'est pas seulement la fonction visuelle que le Seigneur restaure car s'Il rend la vue Il rend aussi capable de réaliser qu'existe une autre lumière que la lumière du jour, Il donne de percevoir, cachée dans le cœur humain, cette Lumière éternelle, qui est en vérité la manifestation de la présence du Seigneur Lui-même. "Moi, Je suis la lumière du monde. Qui Me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. ". L'itinéraire humain et spirituel de cet aveugle guéri nous reste inconnu mais nous pouvons penser que s'il a été guéri, si la foi l'a sauvé, alors désormais toute sa vie future est imprégnée de cette rencontre avec le Seigneur et que ses yeux se sont ouverts à la vision de l'unique Lumière de notre vie. Ainsi devons-nous retenir toute l'importance de cette démarche de l’aveugle pour ouvrir nos yeux, de cette quête pour la perception de la véritable Lumière. Que le Seigneur nous donne donc de guérir de notre aveuglement, de recouvrer la vue spirituelle, de vivre pleinement la Lumière, de la rayonner afin de transmettre aux hommes et au monde que le Christ est la Lumière du monde.