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Dimanche de Thomas 2020

Qu'est-il donc arrivé pour que les disciples de Jésus, le soir de Pâques, soient saisis d'une telle peur qu'ils s'enferment dans le Cénacle? N'est-ce pas que le matin même Pierre et Jean ont trouvé le tombeau du Maître vide? N'est-ce pas que Marie-Madeleine a vu le Seigneur et qu'elle leur a annoncé que le Seigneur Jésus est vivant et ressuscité?
L'évangile ne nous donne pas de réponse au pourquoi de cette peur persistante des dsiciples. Mais la peur devant l'inoui et le jamais-vu, ici la résurrection, est si humaine... Les portes sont verrouillées. Les disciples se sont enfermés, se sont spontanément "confinés". Le Seigneur ressuscité va les libérer de la peur, les faire sortir de leur enfermement.
Les apôtres ont peur. Mais pas tous! Il y a une exception, Thomas.
Est-ce que Thomas serait plus courageux que les autres apôtres? Manifestement oui!
C'est bien l'apôtre Thomas qui, lorsque Jésus, menacé de mort, retourne en Judée et à Béthanie pour réveiller et ressusciter Lazare, "dit aux autres disciples: Allons-y, nous aussi, pour que nous mourions avec lui" (Jn 11,16). Les autres apôtres ont peur, lui pas!
Le soir de la Cène, avant les grandes souffrances, quand Jésus déclare qu'il va vers le Père et prépare une place pour les disciples, Thomas veut de tout son coeur suivre le Maître et demande à Jésus: "Seigneur, nous ne savons pas où tu vas; comment en saurions-nous le chemin?" (Jn 14,4-5). Le jour de Pâques tout est devenu clair: le chemin de Jésus conduit vers le Père et il nous précède vers Dieu notre Père. Mais c'est un chemin de douleur et de gloire: la trahison, l'agonie de Gethsémani, les tortures, le rejet par les siens, la croix, l'ensevelissement, la résurrection...
Ressuscité, le Seigneur Jésus rassemble les siens. Il le fait aujourd'hui et il le fera jusqu'à son retour. Il est notre bon berger et prononce le nom de chacun et chacune, pour nous conduire hors de nos peurs et de nos confinements angoissés.
Et voilà, le huitième jour, le dimanche après Pâques, l'apôtre Thomas se trouve cette fois-ci au Cénacle avec les autres dsiciples. 
Inutile de se verrouiller. Jésus trouve toujours le chemin de notre conscience et de notre coeur. Il me souvient de ce qu'un évêque orthodoxe russe disait au moment de la reprise des persécutions sous Chroustchev et de la fermeture des églises: "Quand les croyants ne peuvent plus aller à l'église, le Seigneur vient chez eux à domicile".
Nous avons entendu les paroles de Thomas. Pour croire que Jésus est ressuscité il veut des preuves tangibles.Il veut toucher les plaies du crucifié: les mains perforées par les clous, le côté ouvert dont a coulé le sang et l'eau.
Jésus accepte les exigences de Thomas, ce courageux croyant incrédule. L'évangéliste saint Jean a retenu le cri du coeur de Thomas: "Mon Seigneur et mon Dieu"!
Pourquoi, -ce n'est pas une question oisive- le corps glorieux de Jésus porte-t-il les stigmates ou cicatrices de sa passion? Un saint laic byzantin, Nicolas Cabasilas, au XIVe siècle a tenté une réponse: il ne faut pas que nous autres croyants oublient le prix que le Seigneur Jésus a humainement payé pour notre salut. Il nous a aimé jusqu'à en mourir (Jn 13,1), jusqu'à la dernière goutte de son sang.
L'apôtre Thomas est donc un exemple de courage et il aime Jésus. De plus, il nous donne la plus belle prière de foi qui soit: "Mon Seigneur et mon Dieu". Qu'elle devienne aussi notre prière!  Amen.