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Exaltation 2017

(Jn. 19:6-11, 13-20, 25-28, 30)

Mes chers frères et sœurs, lorsque nous entrons à l'église de Chevetogne, surtout la toute première fois, nous remarquons la décoration des murs. En effet, dans un programme qui invite à une catéchèse, nous voyons toute la Bible en fresques. Ces images, aussi bien de l'Ancien que du Nouveau Testament, peuvent aider à passer en revue l'histoire du Salut. Mais dans une église, où nous célébrons l'eucharistie et les offices, ces images doivent nous inviter à une catéchèse liturgique. Nous y trouverons donc non seulement une aide visuelle pour nous rappeler les grands moments de l'histoire du salut, mais nous devrons aussi l'intégrer dans ce que nous célébrons ici.

Une autre chose que nous remarquons dans toutes nos églises, c’est la présence de la Croix. Ici centrale, sur l'iconostase, mais également sur l'autel, et bien sûr, dans beaucoup de décorations sur les murs, les meubles ou les ustensiles liturgiques. Et  sur le point le plus haut de nos églises, sur le toit. C'est le signe distinctif du christianisme. Qu'on porte même autour du cou.

Aujourd'hui, nous célébrons la Croix en particulier. Mais qu'est-ce que cela veut dire  « exalter la Croix » ? Ne devons-nous pas réaliser avant tout que la Croix est un instrument de condamnation à mort particulièrement atroce ? Nous l'avons entendu dans l'évangile de Jean qui vient d’être lu, le Seigneur fut condamné à mort suite à un procès, accusé de se proclamer Dieu et Roi.

Le procès, comme il nous est rapporté par S. Jean, est compliqué. Les autorités religieuses de Jérusalem n'ont plus le droit de condamnation criminelle de leurs sujets. Ils sont obligés de passer par le gouvernement civil, pour faire punir ce qu'ils considèrent comme contraire aux prescriptions religieuses. C'est pourquoi nous avons d'abord cette scène où quelques membres de ces autorités se retrouvent devant Pilate accusant Jésus de se « faire Fils de Dieu ». Puis dans un deuxième moment, nous retrouvons Pilate devant le peuple, peuple qui devient jury populaire et reconnaît Jésus coupable de se proclamer Roi à la place de l'empereur. Et Jésus est condamné à mort sur la Croix....

Dans l'Ancien Testament, nous voyons que jadis le peuple juif eut un roi, investi par Dieu. Ce roi de l'Ancien Testament avait une série de charges. Non seulement édicter des lois, mais aussi juger. Pour le dire dans un langage d'aujourd'hui, il réunissait en sa personne le trias politica. Représentant de Dieu devant le peuple, le roi était celui qui était proche de Dieu et devait précéder et guider son peuple. Mais dans l'histoire d’Israël cette charge a été remplie par des personnes qui ont oublié Dieu et la religion de Moïse. Puis Israël, au temps de Jésus, n'était plus un royaume indépendant depuis longtemps.

Comme je vous le disais, la Croix est avant tout une condamnation à mort. Et ce que nous avons entendu aujourd'hui, nous le commémorons déjà le Vendredi Saint. C'est alors que nous commémorons ce moment dramatique, et accompagnons, dans la liturgie, Jésus dans sa marche vers le dimanche de Pâques. Mais aujourd'hui nous contemplons ce moment en particulier. Nous regardons la Croix. Mais que devient maintenant la Croix ?

La Croix, mes chers frères et sœurs, devient comme le trône de Notre Seigneur, c'est là que finalement il est Roi et Fils de Dieu. Lorsque nous regardons la Croix, nous contemplons Jésus et reconnaissons qu'il a désormais opéré la Rédemption. La Croix est désormais un Trône. En regardant la Croix, nous célébrons la victoire de Notre Seigneur.

Et c'est ainsi que sur la Croix, il put décider en roi la formation d'une nouvelle famille, une nouvelle communauté, un nouveau peuple, en disant à Marie : « Femme, voici ton fils. » et à son disciple : « Voici ta mère. ». Et qu’enfin, il put déclarer « tout est accompli ».

Retournons, mes chers frères et sœurs, à la liturgie, et contemplons la fresque de la coupole ici, au-dessus de nous. Nous voyons la liturgie céleste à laquelle nous participons. Et rappelons-nous les paroles de l'hymne des chérubins : « Nous qui, dans ce mystère, sommes l'image des Chérubins et en l'honneur de la vivifiante Trinité, chantons l'hymne trois fois sainte, déposons tout souci du monde pour recevoir le Roi de l'Univers ! ». Lorsque nous nous réunissons ici, entouré que nous sommes de tous les saints, de l'histoire du salut et de la liturgie céleste, nous ne faisons riens d’autre que nous unir à Notre Seigneur.