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Nuit de Noël 2018

Noël, la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ selon la chair … l’histoire est connue. Nous venons encore d’en entendre le récit, et peut-être l’avons-nous écouté d’une oreille distraite. À moins qu’à l’inverse, notre pensée ait précédé la voix du lecteur. L’histoire est connue et au cours des siècles, elle n’a pas manqué d’inspirer des artistes en tout genre dans le domaine de la peinture et de la sculpture, de la musique et de la littérature, et en bien d’autres pour le meilleur et … pour le pire. Elle s’est aussi enrichie de légendes et chargée de romantisme, voire de sentimentalisme. C’est peut-être le moment de l’année où l’on fait le plus appel à notre « bon cœur ». Enfin, impitoyable, le commercial s’en est emparé de façon frénétique suscitant chez beaucoup un appétit vorace, au point de faire oublier ce que nous célébrons, Celui que nous célébrons : Emmanuel, Dieu-avec-nous !

Si nous sommes ici cette nuit, c’est justement parce que nous n’avons pas oublié et que nous ne voulons pas oublier. Nous voulons célébrer cet anniversaire, nous voulons faire mémoire de cette naissance qui comme toute naissance, mais peut-être plus que tout autre, nous ouvre à l’avenir et nous éveille ou nous réveille à l’espérance. Noël n’est pas un événement du passé, Noël n’est pas seulement un événement du passé, c’est Noël aujourd’hui comme les anges l’ont annoncé aux bergers et comme nous l’avons chanté à plusieurs reprises au cours de cette veillée, et ce sera encore Noël demain, parce que cet aujourd’hui de Dieu, de Dieu-avec-nous, c’est l’éternité qui entre dans le temps, et qui y entre de façon surprenante.

Ce Messie, cet Élu de Dieu, issu de race royale, annoncé et attendu depuis des siècles, se manifeste de façon inouïe, petit enfant né d’une femme. « Et voici le signe qui vous est donné, précise l’ange aux bergers, vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » C’est que dès sa naissance, Jésus, le Fils de Dieu, bouscule notre logique humaine et provoque un renversement total des valeurs. Le Dieu fort se révèle dans la fragilité d’un nouveau-né, la Parole, le Verbe par qui tout a été fait, s’exprime sans mot dire, c’est un roi sans armée qui fait trembler Hérode et sa cour. Il est ce Juste qui proclame et que proclament les béatitudes. Prince de la paix, il repose dans une mangeoire. Quoi de plus paisible qu’un petit enfant qui dort ! Laissons-nous toucher par ce spectacle tout à la fois apaisant et vertigineux. Comment ne pas avoir le vertige quand Dieu est là à porter de la main ?! Si les pleurs de ce nouveau-né nous rappellent tant de larmes versées à travers le monde, tant d’innocence menacée et bafouée, son sourire nous illumine et nous réjouit. Comme l’a chanté le prophète Isaïe, « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson ».

La moisson … elle est en germe ici parce que le semeur est sorti pour semer ! Et déjà la joie est grande. En attendant que la moisson pousse, laissons-nous toucher, laissons-nous surprendre comme nous y invite le pape François : rester en silence devant la crèche et ouvert aux surprises de Dieu, comme Marie et Joseph en ce premier Noël de l’histoire, quand Dieu vint bouleverser leur vie et changer leurs projets … Être en silence devant la crèche, contempler l’Enfant nouveau-né, l’adorer comme les bergers venus les premiers, puis les mages retournés par un autre chemin, et se demander ce qu’Il attend de nous, de chacun de nous en cet aujourd’hui.